Den Bleiz, origine et signification :

 

Ce mot est assimilé depuis la fin du VIème siècle à saint Blaise , non pas le Blaise arménien mais à celui qui fut un prêtre druide irlandais. L'Irlande fut la matrice d'une forme de christianisme celtique. Cette symbiose où les concepts traditionnels celtes étaient plus importants que l'apport exotérique chrétien, rencontra rapidement un grand succès sur le continent et fut vite réprimé par le catholicisme romain. Rappelons qu'il fut nécessaire à l'évêque de Lyon d'apprendre le celte en 600 ap JC pour se faire comprendre de ses ouailles. Blaise serait donc un druide chrétien, mais l'origine de bleiz est ancré dans les plus lointaines réminiscences des croyances pre-celtiques , notamment celles ayant trait à " l'homme sauvage " vivant dans la foret (assimilé plus tard à l'ermite) parlant aux animaux et aux arbres et pouvant changer de forme comme les maîtres des animaux Kernunnos, dagda, gargan

 

La tradition celtique bretonne elle, en fait un des derniers druides qui était particulièrement aimé par le Dieu Gargan (Ogmios, Dagda), un héros comparable à l'Hercule romain et dont le nom signifie " géant " en langue celtique. Protégé par son père, le Dieu Belen, correspondant à Apollon chez les Romains.

Ce druide est l'instructeur même de Merlin l'Enchanteur, futur guide spirituel du roi Arthur. Vivant en ermite dans la forêt, en bonne intelligence avec tous les animaux, qu'il soignait, et ce plus particulièrement parmi les loups (le loup étant précisément un des animaux-attributs du Dieu Belen), ce druide se nommait Bleiz, ce qui en langue celtique signifie justement le loup (ce dernier symbolisant la lumière intérieure, spirituelle, à laquelle on ne peut accéder qu'après avoir franchi les ténèbres de la matière et du psychisme) et était de ce fait considéré et surnommé " l'homme loup ".

En parlant de bleiz on ne peut éviter de revenir sur le roi Arthur, élève de Merlin, et sur sa quête de la connaissance, du " Graal " lequel était lié chez les Celtes au culte de la tête coupée (Il s'agissait, en général, de la tête d'un important personnage décédé, qu'on coupait pour la garder en relique et pour rester en contact avec son esprit afin d'obtenir ses bons conseils et ainsi de continuer à profiter de ses lumières voir mythe du Brân irlandais).

 Cette dernière symbolisant le savoir sacré, occulté aux profanes, symbolisme repris ensuite par les moines situés dans la lignée celto-chrétienne, tels les Bénédictins (ainsi Rabelais s'est inspiré du dieu celtique Gargan pour créer son personnage de roman initiatique Gargantua) et ce, entre autres, avec les têtes sculptées des cathédrales romanes qui sont à l'évidence des témoignages du savoir d'origine celtique de leurs concepteurs.

On peut aussi y faire référence en parlant du baphomet templier. Dans les versions anciennes et celtiques du Graal, bleiz est un loup gris qui accompagne myrrdyn dans la forêt pour lui enseigner le pouvoir de la magie végétale. Cet isolement dans la forêt au sein d'une clairière et lié à la parole, à l'expression orale du savoir représente le mode d'enseignement des druides et fait de Bleiz un initiateur.

Les versions christianisées mais bénédictines le place comme un ermite nommé Blaise portant " une tunique de loup " allusion à ses facultés lycanthropiques ( comme les ulfhednar scandinaves mot qui désigne des guerriers sacrés portant " chemise de loup " garde d'élite d'Odinn qui est aussi un dieu initiateur) et il n'est que celui qui se contente de retranscrire les faits rapportés par merlin et taliesin le barde. On peut y voir le symbole de la transmission de connaissance orale vers l'écriture (idée qui n'est pas celtique, car l'écriture par sa pérennité était considérée comme dangereuse, une malédiction écrite durant plus qu'une orale, cet interdit fut vite interprété comme l'absence de toute écriture, dévalorisant ainsi la culture celte mais aujourd'hui la vision du monde celte change)

Dans la version cistercienne du mythe du Graal tout aspect celtique est éradiqué, Blaise y comprit car bien trop proche du loup garou pour ne pas être diabolique (comme merlin qu'ils font naître de l'union d'une femme et du diable et le dieu cornu, Kernunnos fut diabolisée) pour en faire un mystère uniquement chrétien qui inspirera la mouvance du sacré cœur au XIXème siècle. A noter aussi que la tradition ésotérique celtique dit encore du druide Bleiz qu'il a été choisi par la Déesse-Mère pour être son amant d'un jour.

 

Mais les anciennes croyances ne sont pas mortes !

Dans la forêt, un enchanteur sommeille, et un homme à peau de loup attend son heure...

 

 

« Et parce que je suis sombre et le serai toujours,

que le livre soit également salubre et mystérieux

aux endroits où je ne souhaite pas me dévoiler... »

                                                           Merlin.

 

 

 

Par Jamie ~2003~ ©